Le Briquet du Diable

Red Adair est décédé samedi aux États-Unis à l'âge de 89 ans. Les nécros standardisées s'étalent à longueur de médias.

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Cette actualité m'a ramenée quarante ans en arrière. Des noms me reviennent : Edjeleh, Hassi-Messaoud, Tindouf, Fort Gourand, Hassi R'Mel qui me rappellent mon adolescence. J'avais 17 ans et j'ai discuté avec cet homme extraordinaire. Sur une base de la SN REPAL (l'Algérie était encore un département français) où mon père travaillait, j'ai conversé (c'est beaucoup dire avec mon anglais scolaire) avec ce texan d'une quarantaine d'année. En terminale à l'époque, abordant la philosophie, je ne pouvais qu'être séduite par ce personnage d' une taille imposante, à la chevelure rousse, le visage rougi par le soleil du Sahara et marqué par tous ses combats avec le feu. Avant d'être ce pompier atypique, il faisait le même métier que mon père et donc avait cette même approche des choses que l'on connaît : contrôler la pression des puits qui crachaient le fameux or noir.

Le puits de Gassi-Touil, au sud de Hassi-Messaoud (le « puits bienheureux » en arabe), brûlait déjà depuis plusieurs mois. La flamme montait à plus de cent trente mètres. L'astronaute John Glenn, en orbite à ce moment-là, qui pouvait le voir de sa capsule, l'avait baptisé le briquet du diable. Je crois d'ailleurs que c'est en éteignant ce puits que Paul Adair surnommé Red est rentré dans la légende n